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Éditoriale

Avec ce premier numéro nous vous annonçons la naissance de notre Publication BabelPsy, Resonantia

Nous lui souhaitons une bienvenue bien chaleureuse

J’ai été sollicitée , en tant que co-Directrice de BabelPsi, à écrire cette éditoriale, pour raconter quelle est l’histoire qui nous a menés jusqu’ici, et aussi pour que je parle de moi!. Bien sûr , ce sont deux histoires liées. Donc j’y vais…

J’ai grandi dans une famille multiculturelle. Mes parents sont venus de France à cause de la deuxième guerre mondiale pendant laquelle leurs familles ont subi des pertes extrêmement douloureuses. L’ Argentine, terre accueillante,  les hébergea  généreusement. 

Les parents de ma mère avaient déjà inmigré en France, très jeunes, en provenance de Pologne. Mon père lui, inmigra en France , adolescent, en venant de Pologne avec quelques uns de ses frères et soeurs. Je suis née en Argentine, à la maison nous parlions français. Nous allions souvent en France  pour visiter ma famille maternelle qui était restée en France, mais des fois aussi, dans l’idée d’une migration définitive; puis nous revenions en Argentine. Dès le départ j’ai appris deux langues, l’espagnol et le français. Et mes parents , depuis mes deux ans, en jouant me faisaient apprendre l’anglais. Ils appréciaient beaucoup la culture, la musique, connaître des langues, étudier, apprendre, tout ce qu’ils ont généreusement stimulé chez leurs enfants. Dans ma famille il y eut donc aussi des expériences transgénérationnelles de migration. Les migrations que j’ai traversées m’ont éveillé des vécus que je n’oublierai jamais.

Une fois diplômée comme médecin, et étant depuis longtemps décidée à devenir psychanalyste, j’ai voulu faire des recherches sur les effets psychologiques de ces expériences. À ce moment-là ce sujet n’avait pas encore été trop abordé en psychanalyse.

Nos déplacements en famille entre l’Argentine et la France m’ont ouvert l’esprit d’une façon incroyable que je remercie profondément. Ce sont mes deux pays. Mais c’était encore l’époque des lettres à la poste, il n’y avait ni Whatsapp, ni e-mails, ni visios. Chaque fois, donc, quand finalement nous repartions, je connaissais aussi la tristesse profonde des au revoirs, la discontinuité des liens avec ma famille et mes amis que j’aimais profondément, l’incertitude des retrouvailles, la nostalgie, l’impression bizarre d’un “trou” dans le temps, en rentrant. Pendant mon adolescence cela m’arrivait de passer des heures à essayer d’imaginer un système qui permettrait d’être aux deux endroits en même temps tout en sachant que cela est impossible.

J’écris cette introduction pour partager avec vous, chers lecteurs, comme on me l’a demandé, les raisons personnelles qui m’ont menée en 1990 à créer le Centre Babel d’Assistance et de Prévention des effets psychologiques des migrations.

En étant médecin psychiatre et psychanalyste, en 1990 je recevais déjà en consultation des personnes françaises en pleine migration ici, en Argentine, et nous avions l’occasion de plonger à l’intérieur de ces expériences, ce qui les avait déclanchées et leurs effets individuels et familiaux. Je comprenais déjà que les expériences de migration peuvent inclure des facteurs traumatiques, mettre au travail l’élaboration psychique du deuil avec ses variations et mettre vraiment en évidence des vécus d’une solitude extrême. Cela pouvait dériver vers une pathologisation des processus migratoires.  Le but de la création du Centre Babel était celui d’accompagner les personnes qui le souhaiteraient dans l’élaboration psychique de ces expériences ainsi que de faire connaître leur importance psychologique.

 

Ce logo que vous voyez ici nous l’avons dessiné Alberto Jones, mon époux, et moi-même – avec notre première Mac, toute petite, qu’il avait achetée- pour représenter le Centre Babel. Dans la couverture de cette Publication vous le retrouverez mis à jour.

Pourquoi l’ai-je appelé Centre Babel? Porquoi ai-je voulu le représenter avec la tour de Babel et les oiseaux qui s’éloignent? Dans Genèse chapitre 11 on peut lire l’épisode biblique de la Tour de Babel. Cette tour avait été construite dans les terres de Babilone peu de temps après le déluge. Les hommes souhaitaient construire une tour qui leur permettrait d’arriver aux cieux. Ils souhaitaient rester tous ensemble. Le mythe explique que cela éveilla la colère de Dieu qui les punit sévèrement en les éparpillant sur toute la terre (les oiseaux qui s’éloignent dans le logo) et en semant entre eux le caos et la confusion. Il fit en sorte qu’ils ne parlent plus la même langue pour qu’ils ne puissent plus se comprendre. Aujourd’hui on parle de l’existence de  7000 langues. Ils ne pourraient plus réaliser des projets communs ni rester tous ensemble. On place à ce moment-là l’origine et le début de la diversité des langues.

Je trouve particulièrement intéressant qu’un mythe puisse être une histoire aussi vraie que celle de notre réalité psychique; qu’il offre des modèles à la conduite humaine en tant que réalité culturelle consciente et inconsciente extrêmenent complexe et qu’il puisse se transmettre  tout au long des générations sous la forme  d’une soumission très souvent inconsciente à des ordres “divins”.

À mon avis de ce mythe biblique on peut déduire que la diversité des langues porte une perspective négative puisqu’elle nait d’une punition. 

Je souhaitais trouver la facon de rétablir les communications coupées, de se comprendre malgré la différence de langues et de cultures, d’unir ce qui avait été désuni, de faire en sorte que les distances géographiques ne soient pas un synonime de distance affective, de surmonter la discontinuité. Maintenant, professionnellement, je voulais réaliser mon rêve adolescent: c’est à dire qu’il soit possible d’être géographiquement dans des endroits différents et pourtant au même endroit.  Je crois que sans orgueil et plutôt à partir d’un besoin d’élaboration psychique d’expériences douloureuses personnelles et transgénérationnelles. L’incroyable développement de la technologie a favorisé de plus en plus un dépassement relatif des difficultés impliquées dans les distance géographiques en tant que discontinuité des liens.

A partir de l’année 2004 nous avons décidé de  nous appeler BabelPsy, maintenant on-line.

En  2009 est née notre Communauté BabelPsy; depuis le Dr Alberto Jones et moi-même la co-dirigeons. 

Depuis la création de Babel , puis de BabelPsy,  nous voulons continuer à faire partie d’une communauté où la communication soit plus facile, où les liens puissent être soignés, où “on se batte”  contre la discontinuité, où l’on développe une trame positive d’appartenante pour ceux qui souhaitent en faire partie; où les différentes langues ou distances geographiques, ou cultures, ou disciplines, n’empêchent pas de défendre la prédominance d’Eros… c’est à dire stimuler plus l’union que la désunion. Notre nom devrait peut-être plutôt être  “L’Après Babel”.

Dans cet esprit nous vous invitons à nous rejoindre! dans  notre Communauté Internationale, Interdisciplinaire et Multilingue.

 L’incorporation de la Psychanalyse Multifamiliale -créée par le Prof J Garcia Badaracco- et de ses valeurs á la fondation originale basiquement consacréée aux phénomènes interculturels, a renforcé le respect face aux différences, la recherche de meilleures formes de communication, l’intention de se battre contre les positions d’esprits fermés qui empêchent de reconnaître dans chaque perspective une possibilité d’élargir l’esprit. Cette façon de penser essaye d’éviter  la lutte stérile de chercher à avoir  raison; elle favorise le partage des vécus et des résonances, outre celui des trésors académiques.

Nous sommes face à un moment de changement. Maintenant plus nombreux, d’autres voix s’élèvent à BabelPsy qui  proposent la création de notre publication: sous les conseils incroyables de Mela Bosch et la direction et l’édition d’Inès Loustalet, de Marisa Martínez Antón et de Valeria A. Jones. 

Ceclui-ci, notre premier numéro, est le résultat de leur travail intense et de celui des auteurs.

 Nous faisons confiance à la qualité de cette publication.

 Nous intégrons le  Comité Académique:

Graciela Bar, Mela Bosch, Dana Castro, Bernard Duez -Membre Invité-, Gregorio Garfinkel, Alberto Jones, Rene Kaës -Membre Honoraire-, María Elisa Mitre -Membre Invité-, et Liliana Suarez Johnson.

 

MERCI!!!!

Affectueusement,

Graziella Bar

 Médecin Psychiatre et Psychanalyste

Co-Directrice de BabelPsy.com

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